Prendre une décision : un art pas si sorcier !

Nos vies sont une somme de décisions que nous prenons, plus ou moins importantes et fondatrices. A titre d’exemple, notre seule alimentation nécessite en moyenne 227 décisions par jour (Wansink & Sobal, 2007). Donc, même les plus indécis d’entre nous en prennent.

Décider est un art, et le dirigeant d’entreprise en a même fait son métier. Il est payé pour décider et surtout pour prendre les « bonnes décisions », celles qui permettent d’atteindre les objectifs (souvent financiers) qui lui ont été assignés.

Certaines décisions semblent plus compliquées à prendre que d’autres, mais on peut considérablement se simplifier la vie à ce sujet… si on le décide !

Pourquoi décider est-il (parfois) difficile ?

Connaissez-vous l’histoire de l’âne de Buridan ? Ce gentil baudet*, placé à égale distance d’un seau d’eau et d’une auge d’avoine, est mort d’hésitation. Comme il était autant assoiffé qu’affamé, il n’a pas su choisir par où commencer…

Pensez-vous que je vous raconte l’histoire d’un âne anorexique et que cela ne vous concerne pas ? Détrompez-vous. Car chez les humains, la crainte de prendre une mauvaise décision augmente l’anxiété, le refus de choisir et l’impossibilité d’agir. Cette « angoisse du choix » est d’autant plus forte que la décision est jugée irréversible, que la perte encourue est importante ou que les incertitudes sont grandes.

Toutes les personnes qui se sont mariées le savent : décider, c’est renoncer.

Oui, nous sommes libres de nos décisions ! 

D’après certains neuroscientifiques, nos décisions seraient à 100% déterminées par nos gènes et notre environnement. On peut débattre de ce sujet, mais à titre personnel je décide de ne pas croire à ce type de thèse. Au contraire, croire au libre-arbitre, c’est penser qu’il y a quelque chose de plus, et que nous avons la faculté d’opérer un choix en toute liberté. Cette liberté prétendue est-elle le fruit de la volonté de Dieu ou de la force de l’âme? Je ne me risquerai pas à une réponse ici, mais si ça vous intéresse cette question a été posée et instruite par Aristote, Saint Augustin, Descartes, Spinoza… 

Certes, nos décisions ne sont jamais guidées par la seule logique. Il y a des biais cognitifs, des peurs… Bref, une jolie part émotionnelle et irrationnelle.

Alors lorsque vous avez une décision à prendre, commencez par échanger avec les autres et laissez vous gentiment influencer.

Mais surtout, au bout du chemin, lorsque vient l’heure du choix, sentez-vous libre!

Prendre une décision est-il un art ?

Voici un schéma classique de « processus décisionnel ». Ce type d’approche a un mérite : s’assurer qu’aucune étape importante de la prise de décision n’a été négligée.

FORMALISATION – on collecte des infos et on analyse pour identifier le problème. 

INSTRUCTION – on recherche et on évalue des solutions potentielles. La créativité peut nous aider ! 

PRISE DE DÉCISION – on choisit ! Et donc, on renonce…

EXÉCUTION – on s’assure que la décision est suivie d’effets. 

Le processus prend plus ou moins de temps selon les situations. Par exemple, dans les affaires judiciaires les deux premières phases sont très longues, tandis que pour l’arbitre de football elles sont instantanées.

Au-delà du processus, prendre une décision est surtout une affaire d’état d’esprit. Voici quelques conseils.

• Ne soyez pas pressé, perdez un maximum de temps.
• Ne décidez pas sous le coup de la colère… Elle est mauvaise conseillère, tout le monde le sait. 
• Lorsque des peurs ou des émotions fortes subsistent, exprimez-les sur un papier et parlez-en autour de vous. 
• Dédramatisez ! On surestime souvent l’importance des décisions que nous avons à prendre… 
• Vos décisions ne seront jamais parfaites, alors acceptez de pouvoir faire des erreurs… D’ailleurs, on peut souvent revenir sur une décision. 
• Soyez créatif ! Essayez lorsque c’est possible de trouver une option alternative à ce qui vous apparaît au premier abord. 

Et l’intuition dans tout ça ?

Sachez que 80% des dirigeants attribuent leurs succès à l’intuition (d’après J. Parikh). Alors quand le temps manque ou que la logique ne suffit pas, laissez l’intuition guider vos décisions.

Mais comment faire ?

• Tenez-vous en aux informations essentielles. Vive la simplexité !
• Fermez les yeux, visualisez les alternatives une par une et laissez parler vos émotions. Si l’une ou l’autre des alternatives vous donne des nœuds à l’estomac, fuyez !
• Interrogez-vous « Est-ce que je le sens, ou pas? ». Si vous avez un doute, réessayez de répondre demain matin, dans les 10 minutes qui suivent votre réveil. 
• Tout est flou ? Prenez l’air et pensez à autre chose.

Source : Isabelle Fontaine.

Quelle que soit la décision que vous prenez, sachez que tout cela n’aura servi à rien si elle n’est pas suivie d’effets. Or, dans l’entreprise, en politique ou dans sa vie personnelle, on manque souvent de persévérance.

Alors moins de décisions, mieux prises et bien exécutées : c’est parfois ça, le bon plan.

*en réalité Buridan évoque cette histoire au sujet d’un chien.