A table avec… Madagascar : l’alimentation comme miroir d’un esprit.

Tendre la main et attraper un morceau de vie.
Dans la rue, au marché, au bord des axes routiers, alors même que beaucoup y souffrent de la faim, la nourriture à Madagascar est partout à portée de geste : brochettes fumantes (masikita), galettes de riz au coco (moukary), jus naturels, cacahuètes, assiette de salade “composé” multicolore de pâtes et crudités…
L’alimentation est ici mobile, immédiate, vivante. Et elle nourrit autant qu’elle relie.
Un héritage royal au quotidien
Issu de la gastronomie des Hautes Terres, le ravitoto — plat de feuilles de manioc pilées — rappelle que l’alimentation peut être identité. Plat “royal” hier, il est aujourd’hui partagé par tous. Parfois enrichi de coco ou d’arachide, il illustre une vérité simple : à Madagascar, la tradition n’est jamais figée, elle sait évoluer, se métisser.

Quand le global s’invite, le local répond
Le fromage (longtemps rare) est devenu avec le temps une passion populaire : on le trouve dans les marchés, les spaghettis, les paninis, jusque dans des soirées raclette en plein hiver austral. Le Coca-Cola, lui, a laissé la place à World Cola, alternative malgache née d’un divorce industriel. Preuve qu’ici, on sait reprendre la main, avec fierté, sur un symbole mondial.


La mise en scène comme levier de valeur
Dans les marchés, la valeur ne se cache pas seulement dans le produit, mais dans le soin apporté au geste : petits pois déjà écossés, macédoines de légumes prêtes à l’emploi, paniers colorés soigneusement agencés. C’est une “convenience food tropicale”, artisanale, fraîche, joyeuse. Et c’est aussi une manière de dire que l’alimentation, c’est de l’attention donnée à l’autre.

Le riz, graine de vie
Impossible d’échapper au riz : jusqu’à 140 kg consommés par personne et par an. Héritage austronésien, marqueur social, besoin énergétique… Il est le “pain quotidien” malgache.
Les ambitions d’autosuffisance, les nouvelles variétés plus résistantes, les techniques moins consommatrices en eau dessinent un futur où ce pilier reste central, mais repensé pour durer. Cela fera d’ailleurs peut-être l’objet d’un article dédié dans les prochaines semaines !

À suivre !
À Madagascar, l’alimentation n’est pas seulement une nécessité : c’est un reflet de l’esprit malgache, fait de débrouille créative, de fierté locale, de convivialité, et d’un sens très concret de l’adaptation.
Et ce voyage ne s’arrête pas ici. Il continue dans mes idées, mes projets, mes envies culinaires (atelier ravitoto à Paris très bientôt !). Je sens poindre des envies de récits à poursuivre ensemble, d’expérimentations à partager.
Merci à toutes celles et ceux qui ont nourri cette exploration et rendu ce voyage si précieux, notamment les adorables Brice Lewillie et son équipe de fous furieux de la vente de rue, Maria, Tiana Ramanoelina, Nien, MAHATONDRA Damdjee Babu, Madame Cynthia, Stéphan, Tefy Léo RAFALIMANANA, et puis tant d’autres rencontrés sur le chemin.
Et maintenant ? À table avec… la suite !
Cet article a été rédigé à partir d’une sélection des posts quotidiens que j’ai publiés sur LinkedIn lors d’un voyage à Madagascar, en août 2025. Chez AlterMakers et grâce à notre méthode Les Explor’Alters, nous aidons nos clients à explorer les représentations, les habitudes alimentaires et les alternatives concrètes au service de la transformation durable de nos systèmes alimentaires. Depuis 2020, nous avons conduit des explorations en France (Hexagone, Antilles, Réunion), au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Nigéria, en Belgique, aux Pays-Bas, en Arabie Saoudite, à Shanghai, au Japon, au Brésil…
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