Plastique et Santé : Une Bombe à Retardement ?

Le plastique fait partie intégrante de nos vies : emballages, vêtements, cosmétiques, ustensiles… Il est omniprésent. Mais derrière cette commodité se cache une réalité inquiétante : son impact sur l’environnement et, plus alarmant encore, sur notre santé. Silvy Auboiron, spécialiste des liens entre alimentation et santé, nous éclaire sur l’ampleur du problème et les défis à relever.

Plastique et environnement : une pollution globale

Chaque année, une quantité colossale de plastique est produite et elle ne fait que croître. Si certains déchets sont gérés correctement, 22 % finissent directement dans l’environnement, un chiffre qui peut grimper selon les régions du monde. Mais ce qui choque le plus, c’est que la production de plastique génère quatre fois plus de gaz à effet de serre que l’aviation.

Une fois relâché dans la nature, le plastique se dégrade sous l’action de l’eau, des UV et de l’oxygène, etc. Cette décomposition produit des microplastiques (moins de 5 mm) puis des nanoplastiques, des particules si fines qu’elles voyagent sur de longues distances. On les retrouve aussi bien à 10 000 mètres de profondeur dans les océans que sur les glaciers de l’Himalaya.Mais au-delà des simples particules physiques, il existe un autre problème : la pollution chimique. On compte pas moins de 16 000 composés chimiques dans la fabrication des plastiques, dont beaucoup restent inconnus en raison du manque de transparence des fabricants.

L’invasion des microplastiques dans notre quotidien

Les plastiques sont partout, et ils nous contaminent de trois manières principales :

• Par la peau (vêtements synthétiques, cosmétiques, pollution de l’air)
• Par la respiration (micro et nanoplastiques en suspension dans l’air)
• Par l’ingestion (eau, nourriture, emballages alimentaires)

Même l’eau en bouteille, censée être plus pure, peut contenir jusqu’à 250 000 particules par litre, dont 90 % sont des nanoparticules.Les organes les plus exposés sont ceux en contact direct avec ces substances : la peau, les poumons, les intestins. Mais les particules sont capables de pénétrer la circulation sanguine et de s’accumuler dans des zones insoupçonnées : testicules, reins, placenta et même le cerveau. Plus préoccupant encore, leur présence augmente avec l’âge, et leur élimination par le corps reste encore méconnue

Des effets sur la santé préoccupants

Les impacts des plastiques sur la santé se divisent en deux catégories :

1. Effets mécaniques

Les particules de plastique irritent l’organisme et peuvent entraîner :

• Des inflammations
• Des pathologies respiratoires
• Des cancers digestifs
• Une perturbation du microbiote intestinal
• Des maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC)

2. Effets chimiques

Les plastiques contiennent des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A ou les composés perfluorés. Ces substances sont associées à de graves problèmes de santé, notamment :

• Infertilité
• Développement fœtal altéré
• Cancers
• Troubles hormonaux

Une donnée alarmante : 100 % de la population dépasse les seuils de tolérance du bisphénol A depuis que ceux-ci ont été abaissés en raison de nouveaux risques sanitaires.

Existe-t-il des alternatives viables au plastique ?

Face à ce constat, la tentation de bannir complètement le plastique est grande. Mais la réalité est plus complexe :

• Le verre est une alternative intéressante : recyclable à l’infini, inerte pour la santé. Mais son poids et son coût énergétique le rendent difficile à généraliser.
• Le métal, notamment l’acier inoxydable, est plus léger mais cher et énergivore à produire. L’aluminium, lui ne peut être utilisé en alimentation car il est toxique à forte dose.

Le plastique recyclé reste une option, mais le réemploi alimentaire est limité à cause de sa sensibilité à l’usure.

Quelles solutions pour l’avenir ?

La législation européenne évolue vers une interdiction des plastiques non recyclables d’ici 2030, et les entreprises devront réutiliser une partie de leurs emballages. Toutefois, l’enjeu principal est de limiter l’utilisation du plastique tout en développant des filières de recyclage rentables.Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle clé en imposant des standards pour faciliter le réemploi et le recyclage, tout en incitant les industriels à innover. Mais c’est aussi la pression des consommateurs qui peut accélérer le changement. Une prise de conscience massive pourrait forcer les industriels à revoir leurs pratiques.

Conclusion : Un combat qui ne fait que commencer

L’impact des plastiques sur la santé est encore mal compris, mais les preuves s’accumulent. Ce qui était autrefois une question environnementale devient désormais un enjeu sanitaire majeur.

Comme le souligne Silvy Auboiron, nous sommes au début d’une prise de conscience, et les recherches ne font qu’émerger. Dans les années à venir, des études plus approfondies risquent de révéler une réalité encore plus alarmante, poussant les gouvernements et l’industrie à réagir.En attendant, réduire notre consommation de plastique reste le geste le plus simple et le plus efficace pour protéger notre santé et notre planète.