À table avec… le Japon : ce que m’a appris l’alimentation japonaise

Douze jours. Trois villes : Tokyo, Osaka et Kyoto. Une multitude de plats, de rencontres, de conversations, de gestes et d’étonnements. Ce voyage au Japon ne fut pas un simple carnet de découvertes gastronomiques, mais un laboratoire vivant des alternatives alimentaires — de celles qui émergent sans bruit, à la croisée du soin, du jeu, de la mémoire et du lieu.
Et si je devais résumer ? Ce que j’ai goûté, ce sont des manières de manger autrement !
Le goût comme mémoire du lieu
En France, on aime parler de terroirs. Le fromage, le vin, la châtaigne (et la crème de marrons) ou la mirabelle ont une origine, une saison, un climat. Au Japon, c’est pareil — mais avec d’autres accents, le terroir est une mémoire du lieu et du temps.
Le riz de Niigata, le matcha d’Uji, les poissons ou les produits laitiers de Hokkaido ou le miso de Kyoto ne sont pas que des produits. Ce sont des récits. Manger devient alors une manière de se relier à une terre, à un climat, à des gens. Une bouchée de miso vieilli, c’est aussi un peu de patience avalée. Une gorgée de saké, c’est une invitation à la lenteur d’un autre territoire.
Et quand ces produits sont conservés — marinés, fermentés, séchés, fumés — ils prolongent l’instant. On n’empêche pas le temps de passer : on l’infuse et on le diffuse.
L’ultra-spécialisation comme acte de rigueur
Un seul plat. Une seule recette. Deux ou trois variantes, pas plus.

C’est ce que proposent des dizaines de comptoirs japonais : un bar à tamagoyaki (délicieuse omelette légèrement sucrée), un stand de ramen ou d’okonomiyaki, un restaurant d’anguille grillée. Et puis, ça suffit.
Dans un monde saturé de choix, cette simplicité radicale devient à son tour une alternative : elle intensifie la précision du geste, la gestion des stocks, la clarté du message. Elle crée aussi de la reconnaissance : ici, on revient pour revivre un moment… à l’identique ou presque.
Le soin comme fil rouge
Ce qui m’a frappé, au fil des jours, c’est la délicatesse du soin alimentaire.
Le soin dans les gestes : cuisiner avec précision, emballer avec respect, servir avec mesure.
Le soin dans les formats : bento gastronomique dégusté face à un jardin zen, café à l’ancienne avec carnet de tickets prépayés, conversation intuitive entre clients dans un izakaya…
Le soin jusque dans la mémoire : chaque aliment est conservé, prolongé, transformé… sans jamais être figé.
Et parfois…le jeu !
Car non, le Japon n’est pas qu’un temple du contrôle. Il est aussi un terrain de jeu.
Les bentos pour enfants, les bonbons en forme de sushis, les restaurants immersifs où l’on pêche son poisson, les emballages joyeux, les surprises sensorielles… Autant de formes ludiques qui réenchantent le quotidien.
Et si le jeu était une autre forme de soin ? Moins linéaire. Moins explicite. Mais tout aussi fondé sur la connexion à soi et à l’autre.

Ce que je ramène avec moi (et qui ne tient pas dans une valise)
- La précision radicale de certains formats de restauration : faire peu, mais très bien.
- La manière japonaise d’envisager le goût comme mémoire d’un lieu, d’un temps, d’un climat.
- L’ancrage local des lieux de bouche : cafés, izakayas, konbinis… où l’on revient, où l’on offre, où l’on se tait parfois, mais où l’on partage.

Et une prise de conscience : le soin peut devenir un piège — notamment avec l’emballage plastique absolument excessif. Amis japonais, et si nous inventions des manières de prendre soin autrement ?

À suivre ?
Ce voyage ne se termine pas. Il continue dans mes idées, mes gestes, mes projets. Je sens poindre des envies de collaborations, d’expérimentations, de récits à poursuivre ensemble.
Je remercie toutes celles et ceux qui ont rendu ce voyage si précieux : Catherine, Cécile, Paul, Silvy, Sophie, Steven, Matthias, Chloé, Hiro, Céline, Ryu, Sadaki, Cheiko, Lucas, Gonko, Jas, Yusuke, Kaori…
Et maintenant ?
À table avec… la suite !
Cet article a été rédigé à partir d’une sélection des posts quotidiens que j’ai publiés sur LinkedIn lors d’un voyage au Japon, en mai 2025.
Chez AlterMakers, avec notre méthode Les Explor’Alters, nous aidons nos clients à explorer les représentations, les habitudes alimentaires et les alternatives concrètes au service de la transformation durable de nos systèmes alimentaires.
Depuis 2020, nous avons conduit des explorations en France (hexagone et Antilles françaises), au Ghana, en Côté d’Ivoire, au Nigéria, en Belgique, aux Pays-Bas, en Arabie Saoudite, à Shanghai, au Japon, au Brésil.
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