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Dessine-moi un métier – Étude sur les stéréotypes de genre chez les élèves de primaire

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4 commentaires Temps de lecture estimé : 17 min
Dessine-moi un métier – Étude sur les stéréotypes de genre chez les élèves de primaire

En janvier, à l’occasion des 10 ans de la loi Copé-Zimmermann, relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle, j’ai été interpellée par le discours d’Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, qui soulignait que « l’effet “ ruissellement ” espéré n’a pas eu lieu ».* La lecture de son interview dans le magazine ELLE m’a confortée dans mes réflexions autour de l’éducation :  « Tant qu’on ne formera pas les jeunes aux stéréotypes de genre, on n’y arrivera pas ».** Je me suis interrogée alors sur la construction de ces stéréotypes de genre et notamment l’âge à partir duquel ils se manifestent.

Je soupçonnais bien que cela commençait très tôt, ayant assisté auparavant à une scène qui restera toujours dans ma mémoire :

Pour fêter ses 6 ans, O. a invité 3 garçons et moi-même (j’étais très flattée). Les commentaires des uns et des autres pendant ce goûter d’anniversaire m’ont passionnée en même temps qu’ébahie par la précocité de l’appréhension des sujets de genre et des territoires qui leurs sont associés. Je sais par mes lectures que c’est une réalité, mais c’est autre chose de le vivre. « Mais tu ne peux pas offrir ça à O. ! C’est pas un jouet pour une fille !*** » Réponse de l’intéressé « O. c’est pas vraiment une fille. », sauf quand il s’agit de constituer des équipes pour des activités avant la dégustation du gâteau, et là O. redevient une fille, avec laquelle les garçons ne veulent pas faire équipe.

C’est ainsi qu’est venue l’idée de réaliser une étude auprès d’élèves d’école primaire, pour voir s’ils/elles étaient déjà influencé.es dans leurs représentations des métiers et comment.

Enfin, le coup de pouce final vient de Jean, mon partenaire sur cette étude, qui m’a dit sans plus de façon de me mettre en action sur les thématiques qui me plaisaient et d’entamer la conversation avec la société. Ça semblait si simple quand il l’a dit… que je me suis lancée : Dessine-moi un métier était lancée. Merci Jean !

*Absence de ruissellement de l’effet des quotas dans les instances dirigeantes en entreprise qui était censée aboutir à plus d’égalité à tous les niveaux hiérarchiques.  https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/discours-delisabeth-moreno-dix-ans-de-la-loi-cope-zimmermann-bercy-26-01-2021/

**https://www.elle.fr/Societe/Interviews/Elisabeth-Moreno-Tant-qu-on-ne-formera-pas-les-jeunes-aux-stereotypes-de-genre-on-n-y-arrivera-pas-3900264#lacid=elle_14555148&xtor=EPR-10-[newsletter_hebdo]-20210201-content

***Une pensée pour Les Vendredis Intellos et le guide pour savoir si un jouet est pour fille ou pour garçon. https://lesvendredisintellos.com/2015/12/18/comment-savoir-si-un-jouet-est-pour-fille-ou-pour-garcon/

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Vous trouverez dans cet article le rapport de notre étude :

  • Principe de l’étude et données statistiques
  • 3 constats principaux
  • Recommandations pour déconstruire les stéréotypes de genre.

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L’étude Dessine-moi un métier s’est déroulée en 2 phases* :

133 élèves de CE2-CM2 ont dessiné chacun.e un métier parmi 8 métiers choisis par nos soins. La consigne a été « neutralisée » au maximum pour éviter toute influence sur les élèves. (ex : Dessine quelqu’un dont le métier est d’écrire des livres) Les élèves ont ensuite déclaré s’ils/elles avaient dessiné une femme ou un homme et précisé leur propre genre.

Puis nous avons mené une conversation d’une heure avec 4 enfants pour creuser certains sujets et recueillir leurs avis sur certains dessins.

Ce sont les résultats de cette démarche que je partage dans ce rapport.

*voir en annexe de l’article pour le protocole d’étude complet ainsi que l’ensemble des résultats.

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1er Constat :

Les filles comme les garçons dessinent en grande majorité une personne du même genre qu’elles/eux.

72% des dessins correspondent à la paire « fille dessinatrice – femme dessinée » ou « garçon dessinateur – homme dessiné », alors qu’une distribution aléatoire statistique tendrait à 50%.

Et c’est bien un effet miroir qui est à l’œuvre puisqu’à la question « Pourquoi as-tu fait ce choix ? » les élèves concerné.es répondent « parce que je suis une fille » ou « parce que je suis un garçon » le plus souvent (18% des réponses).

Si on ajoute à cela, les réponses « C’est moi plus tard », on atteint 25% des explications.

Nous nous sommes intéressé.es à la question de savoir si le dessin en effet miroir, comme un reflet conscient et assumé de son propre genre était particulièrement vrai pour un genre plus que l’autre.

Il apparaît que c’est plus vrai pour les filles que pour les garçons selon ces deux données :

  • « Je suis une fille donc j’ai dessiné une femme » arrive en 1ère position ex-aequo chez les filles à 22% vs en 2ème position avec 15% des raisons pour les garçons.
  • De plus, il y a plus de filles qui se sont représentées une fois adulte (C’est moi plus tard ») que de garçons.

Le détail par genre des raisons déclarées révèle que les raisons diffèrent pour les 2ème et 3ème raisons les plus fréquentes :

  • Filles :
    • « C’est ce que je sais dessiner » (22%) est ex-aequo avec la raison « parce que je suis une fille »
  • La 3ème raison la plus fréquente est « c’est contraire à la réalité » (13% vs 6% au total des dessins) : par exemple, agricultrice « j’ai fait ce choix car il y a trop d’hommes dans ce métier », policière « car pour une fois je voulais que ce soit une femme car j’en avais envie » ou dirigeante « j’ai fait ce choix car il n’y a pas beaucoup de filles en présidente » et « j’ai choisi une femme car je suis une fille et je trouve qu’il y a rarement des femmes qui gouvernent un pays ».
    On constate là des filles qui souhaitent s’inscrire en opposition à ce qu’elles voient dans leur quotidien.
  • Garçons :
    • « C’est la réalité du métier » (14%) arrive en 2ème position. (quand seulement 6% des filles avancent cette raison)
    • « C’est ce que je sais dessiner » (9%) en 3ème position.
  • A noter : 1 seul dessin par un garçon d’un homme avec comme raison avancée « Contraire à la réalité du métier ». Il s’agit d’un soignant « Dessine quelqu’un dont le métier est de soigner les personnes malades », avec comme raison « J’ai fait ce choix parce qu’il n’y a pas beaucoup d’infirmiers ». C’est intéressant parce que la consigne « Dessine quelqu’un dont le métier est de soigner les personnes malades » a conduit les élèves à dessiner principalement des médecins et seulement quelques infirmier.es.

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2ème constat :

Les filles dessinent dans 39% des cas un homme vs 15% des garçons dessinent une femme.

  • Quand les filles dessinent un homme c’est :
    • sur 7 métiers sur 8 et en forte proportion pour policier, pompier et dirigeant
    • pour 2 raisons principalement :
      • « Ça correspond à la réalité » (46%) : reflet d’une réalité générale -> « Les docteurs sont plus des hommes », « car on voit plus d’hommes pompiers que de femmes », « parce que c’est le Président de la République. Et tous les présidents sont des hommes ».
  • « Inspiré d’une personne de leur entourage » (14%) : reflet d’une réalité individuelle -> « j’ai fait ce choix car j’ai adoré mon maître quand j’étais en grande section », « parce que c’est un homme qui m’a soignée quand je m’étais ouvert la tête » et « j’ai fait ce choix car le Président est un homme ».
  • Quand les garçons dessinent des femmes c’est :
    • sur 5 métiers sur 8 : principalement des soignantes (44%), absence d’écrivaine, policière et vétérinaire
    • pour 1 raison principale : c’est en référence à quelqu’un de leur entourage (28%) -> « car j’ai voulu représenter ma maîtresse »
  • Lors de l’atelier d’approfondissement avec les enfants, une raison évoquée par les garçons pour expliquer pourquoi ils dessinent rarement des femmes est le fait qu’il soit plus difficile pour eux de dessiner un personnage féminin. Nous avons fait l’exercice de questionner cette raison (« En quoi est-ce plus difficile de dessiner une femme qu’un homme ? ») et une fois évacuée la difficulté réelle de dessiner des cheveux longs par rapport à des cheveux courts, les enfants ne savaient pas véritablement dire pourquoi ils pensent cela. Nous émettons donc l’hypothèse qu’il s’agisse là d’une raison de type « alibi » et que, au-delà de l’habitude dans laquelle les enfants sont entré.es, il y a des raisons plus profondes qui expliquent ces habitudes.
  • Le fait que les garçons dessinent rarement une femme dans l’étude, conjugué à la seule raison avancée « c’est quelqu’un qui compte pour moi », nous amène à formuler l’hypothèse que les garçons ne sont pas encouragés à dessiner des femmes, voire dissuadés de le faire comme si cela risquait de jeter un doute sur leur identité de genre, la seule raison valable de dessiner une femme étant qu’elle soit une personne de leur entourage. Ce qui n’est pas le cas des filles. On peut voir dans cette dissymétrie de représentation croisée, une manifestation du fait qu’il est encore mal vu pour les garçons de s’aventurer sur des territoires jugés féminins (ici, dessiner des femmes) alors que les filles reçoivent des encouragements à s’exprimer sur tous les sujets. C’est ce que souligne Aurélia Blanc dans son livre Tu seras un homme féministe mon fils ! citant une étude du Pew Research Center (USA) : «si 77% des personnes sondées se disent favorables à encourager les fillettes à s’approprier les activités dites « de garçon », 35% estiment qu’il est mauvais de faire l’inverse. »*

* K. Parker, J. Menasce Horowitz et R. Stepler, « On Gender differences, No Consensus on Nature vs Nurture », Pew Research Center, décembre 2017 – in A. Blanc, « Tu seras un homme – féministe – mon fils ! », Hachette Livre (Marabout) 2018.

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3ème Constat :

Policier, pompier et dirigeant restent des métiers majoritairement représentés comme masculins.

  • Répartition fille/garçon relativement paritaire parmi les dessinateur-trice.s de l’étude Dessine-moi un métier:
    • Les 133 élèves participant à l’étude sont 54% de filles et 46% de garçons. Cette répartition équilibrée se retrouve sur les dessins de 5 des 8 métiers : écrivain.e, agriculteur-trice, policier.e, enseignant.e et vétérinaire.
    • Le métier de soignant.e a été dessiné par 39% de filles et 61% de garçons.
    • Les métiers de pompier homme/femme et dirigeant.e ont été dessinés par 63% de filles et 37% de garçons.
  • Aucun métier n’est dessiné en sur-représentation de femmes.
    • 3 métiers ont été dessinés de manière très genrée, avec une grande majorité d’homme dessinés :
      • Policier : 71% d’hommes
      • Pompier : 69% d’hommes
      • Dirigeant de pays : 68% d’hommes
    • Sur ces 3 métiers, les garçons
      • n’ont dessiné une femme qu’à 2 reprises (10% des cas).
      • donnent des raisons pour avoir dessiné un homme qui sont en ligne avec les raisons globales.
  • Sur ces 3 métiers, les filles
    • ont dessiné pour moitié des femmes (44%), pour moitié des hommes (56%).
    • Une seule fille dit avoir dessiné une femme « car c’est la réalité du métier » alors que c’est la 1ère raison donnée par les garçons quand ils dessinent des hommes (18%) et la 1ère raison pour laquelle les filles dessinent des hommes (46%).
    • Les filles ayant dessiné des femmes sur ces métiers, quand elles donnent une raison, ont bien conscience de transgresser un code car elles disent spécifiquement avoir choisi de représenter le contraire de la réalité.
    • Lors de l’atelier d’approfondissement, nous avons creusé les sources qui construisent la représentation masculine pour policier, pompier et dirigeant. Il en ressort que c’est ce qui est vu dans la réalité qui a la plus grande influence sur les filles. Elles nous ont dit ne jamais avoir vu de dessins animés ni de livres avec des pompiers (femmes ou hommes).
  • Il est à noter qu’à aucun moment de l’étude, les enfants, garçons ou filles, n’ont mentionné une impossibilité pour une femme de faire ces métiers. Aucune référence à une quelconque compétence ou aptitude qui manquerait aux femmes ou aux hommes n’a pu être relevée. Quand interrogés plus longuement sur cet état des lieux, les enfants ne savent pas dire pourquoi ces métiers sont plus exercés par des hommes que par des femmes. Les quelques expressions d’univers genrés par essence (« parce que c’est en rapport avec les livres », « car pour cultiver un champ, je vois plutôt un homme cultiver des champs. ») et de supériorité d’un genre par rapport à l’autre (« parce que les femmes sont plus intelligentes que les garçons ») concernent les métiers d’agriculteur-trice.s et d’écrivain.es et pour justifier le dessin d’une personne du même genre que le dessinateur ou la dessinatrice.

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Pistes pour construire des alternatives aux représentations des enfants de votre entourage

Nous n’avons pas la prétention d’avoir LA solution pour déconstruire les stéréotypes de genre qui habitent les enfants sur les métiers. Mais nous souhaitons proposer des idées, notamment pour les parents et les professionnel.les du champ éducatif, pour faire bouger les lignes. Nous nous inscrivons dans une démarche de diversification des représentations et non d’élimination : de la diversité nait la richesse.

La 1ère étape peut être de vous questionner sur les media de propagation des stéréotypes qui existent autour de vous et de vos enfants, au travers d’une grille de lecture non sexiste. Ainsi, vous pouvez regarder, comme le propose Aurélia Blanc1 :

  • « Les personnages : y a-t-il une vraie mixité ? Quelle place occupent les filles et les garçons dans l’histoire ?
  • Leurs rôles : sont-ils mixtes ? Les personnages sont-ils restreints aux assignations traditionnelles (les garçons à l’extérieur, les filles à l’intérieur, par exemple) ?
  • Les illustrations : sont-elles variées ? Sont-elles neutres, ou au contraire très genrées ?
  • Le langage : comment est décrit le personnage masculin ? Est-il forcément « fort », « malin », « courageux » ? Et la fille ? Est-elle toujours décrite comme « douce », « belle », « minuscule » ? »

Vous pouvez aussi faire passer le test de Bechdel-Wallace aux dessins animés / films que vous regardez (avec ou sans vos enfants d’ailleurs). Ça ne garantit pas un film égalitaire mais cela permet d’identifier une sur-représentation des personnages masculins. Le test repose sur trois critères² :

  1. Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre ;
  2. qui parlent ensemble ;
  3. et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.

La 2ème étape, c’est d’enrichir votre répertoire existant avec des alternatives.

Nous avons choisi d’organiser nos propositions selon 3 missions : SAVOIR, VOULOIR et POUVOIR dépasser les stéréotypes de genre, en l’occurrence ici liés aux métiers. Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité des outils ou œuvres. Celles que nous citons sont celles qui nous ont marqué.es. Nous serions ravi.es d’avoir vos recommandations complémentaires.

  • SAVOIR qu’il existe des exemples historiques non stéréotypés

Il s’agit là d’apporter des exemples concrets afin de lutter contre les idées reçues selon lesquelles il existerait des métiers réservés aux femmes et d’autres réservés aux hommes. Les œuvres permettant de découvrir des personnages historiques s’affranchissant de ces assignations y contribuent.

Les différents tomes de Histoires du soir pour filles rebelles racontent chacun les destins inspirants de 100 femmes (le seul regret que j’ai pour ces livres est leur titre : les garçons seront aussi ravis par ces livres). Dans le même esprit, Culottées de Pénélope Bagieu.

Au service de la même idée, le jeu de 7 familles développé par le Centre Hubertine Auclert « Tu la connais ? » qui représente des « femmes incroyables » à toutes les époques dans les catégories Savante, Artiste, Héroïne, Cheffe et Ecrivaine permet de développer notre savoir.

L’album A quoi tu joues ? de Marie-Sabine Roger et Anne Sol regroupe une série de photos de reportage, cachées sous des rabats pour démonter avec humour et réalisme les idées reçues.

Sur le blog Maman Rodarde ! vous pouvez télécharger et imprimer des dépliants qui permettent de répondre très facilement aux critiques « ce n’est pas pour les filles » et « ce n’est pas pour les garçons » en apportant des exemples contredisant le stéréotype.

  • VOULOIR reproduire ces exemples non sexistes

L’enjeu est de gagner le cœur des enfants via des œuvres non sexistes. Comme pour certaines discussions entre adultes : non, être non sexiste n’est pas forcément ennuyeux ou monotone.

Les dessins animés réalisés et produits par Hayao Miyasaki offrent une palette de personnages très intéressante de ce point de vue3 et à mon avis produisent au moins autant d’émerveillement que les dessins animés du studio Disney. Les interactions femmes-hommes dans ces dessins animés montrent le soutien et l’entraide entre les personnages, sans que le garçon soit assigné au rôle de sauveur de la fille, et sans aboutir à une romance entre les personnages.

La maison d’édition Talents Hauts est une bonne source de livres jeunesse captivants et vigilants sur les stéréotypes, notamment sexistes, tout comme les collections jeunesse de La Ville Brûle. Ce ne sont bien entendu pas les seules maisons d’édition à proposer des ouvrages non sexistes pour les enfants.

Vives et Vaillantes, sept héroïnes de contes de Praline Gay-Para est un livre (et aussi spectacle vivant) qui propose des contes où « les héroïnes sont vaillantes et transgressent tous les interdits pour parvenir à leurs fins. Qu’ils soient merveilleux, réalistes, étiologiques ou facétieux, ces contes tiennent sur leurs épaules. » pour tordre le cou à ce qu’on entend « souvent dire que dans les contes, les jeunes filles et les femmes sont passives et attendent le prince charmant. »4

  • POUVOIR dépasser les assignations de genre

Investir des territoires et métiers traditionnellement non attribués à son genre demande du courage et de la confiance. Il s’agit donc de lutter contre un éventuel sentiment d’insécurité chez les enfants et de nourrir leur confiance en eux/elles. Pour cela, un outil intéressant est le « cahier de réussite » où les enfants sont incité.es à noter chaque jour ou chaque semaine leurs réussites, ce qui construit leur confiance en leur potentiel.

Sur le site d’Apprendre à éduquer5, vous pouvez télécharger un « cahier positif d’estime de moi-même » proposant des activités visant à aider les enfants à construire leur estime de soi.

Dans le même esprit, le site internet Papa positive6 mérite une visite de votre part pour ses nombreuses activités et ouvrages sur le sujet.

Il nous semble également important de revenir sur une des raisons souvent avancées dans notre étude « C’est ce que je sais dessiner ». Du côté des filles, comme des garçons, cet argument est apparu souvent dans les dessins comme dans l’atelier d’approfondissement. Il est bien sûr naturel de d’avoir une préférence dans ce qu’on dessine. Mais il nous semble important d’encourager les enfants à dessiner aussi des personnes de l’autre sexe, particulièrement les garçons. Cela peut aider tou.tes les enfants à développer leur sens de l’observation et leur empathie.

Pour développer sa confiance en sa capacité à faire le métier qui lui plaît au-delà des représentations genrées qui existent, l’enfant a besoin d’être incité.e et encouragé.e à découvrir, expérimenter et apprendre des choses nouvelles pour lui ou elle.

Le jeu est un bon moyen pour cela. Par exemple, la collection Egalité filles-garçons de Topla7 propose des jeux spécialement sur le thème des métiers (Mémo, origami …), pour associer un métier autant à une femme qu’un homme. Y jouer en famille souligne l’acceptation de ces représentations non sexistes par les adultes des deux sexes.

En résumé, il nous semble crucial de proposer d’autres modèles aux enfants (et aux adultes), de développer leur confiance en soi et en leur potentiel et de créer des espaces de discussion sur les représentations qui nous entourent … toujours !

1op. cit.

²Source : Wikipedia

3Disney, Miyazaki, and Feminism: Why Western girls need Japanese animation par Christine Hoff Kraemerin http://www.christinehoffkraemer.com/miyazaki.html

4http://www.pralinegaypara.com/

5https://apprendreaeduquer.fr/cahier-de-developpement-personnel-enfants-activites-lestime-de-soi/

6https://papapositive.fr/?s=estime+de+soi

7https://playtopla.com/collections/the-moon-project/products/memo-egalite-metier

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En conclusion, j’espère que, comme nous, vous avez appris des nombreuses choses grâce à cette étude.

Notre ambition est de pouvoir participer au débat et faire partie des solutions. Comme par exemple, organiser des ateliers de discussions avec vos classes autour de ces sujets, dans le cadre de l’Enseignement Moral et Civique par exemple.

Nous ne pourrions pas partager avec vous ces résultats aujourd’hui sans la participation des écoles élémentaires Chèvreloup, Georges Sand, Saint Joseph du Parchamp et Grusse Dagneaux. Un immense merci aux enseignant.es qui se sont prêté.es au jeu et aux élèves pour leurs dessins.

Merci aussi aux 4 enfants qui ont conversé avec nous par visioconférence un mercredi après-midi de leurs vacances, ainsi qu’à leurs parents.

Si vous avez envie de creuser certains points, n’hésitez pas à nous contacter en commentaire ou en message privé.

Hélène Babin, en collaboration avec Jean Fox

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Annexes

  • Cas particulier : vétérinaire est le seul métier pour lequel toutes les filles ont dessiné une femme et tous les garçons ont dessiné un homme.
    • Sont-ils vus comme neutre en termes de genre par les élèves ?
    • Est-ce un métier moins côtoyé par les élèves de notre étude et donc moins sujet à représentation (livres, dessins animés, étude réalisée en milieu urbain …) ? D’ailleurs les 3 raisons en lien avec une perception de la réalité (Correspond à la réalité, Contraire à la réalité et Inspiré par quelqu’un de leur entourage) sont absentes pour ce métier.
  • Les codes masculins et féminins.

    Dans l’atelier d’approfondissement avec les enfants, quand nous leur demandons si les dessins représentent des hommes ou des femmes, certains codes ressortent fortement :
    • Un homme a les cheveux courts
    • Une femme a les cheveux longs et de la poitrine
    • Ces marqueurs sont prioritaires sur d’autres indicateurs (cravate, barbe, ex : dessin des 2 agriculteur-trice – pantalon, couleur bleue, pipe …)
    • Quand ces marqueurs ne sont pas visibles (ex casque pompier, vue d’en haut pour l’écrivain …), ils ne savent pas comment catégoriser la personne qu’ils voient.
    • Dans la discussion, ils expriment savoir que ces marqueurs ne représentent pas toujours la réalité (ex : professeures de sport et grand-mères pour cheveux courts, certains garçons ont les cheveux longs)
    • Mais ce sont des codes importants pour eux pour savoir ce dont on parle et ce qu’on représente.

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Protocole de l’étude Dessine-moi un métier

Phase 1 – en classe : voici le protocole tel qu’envoyé aux enseignat.es participant à l’étude.

Comment participer ? 20 minutes en classe pour que vos élèves dessinent, chacun.e, un métier qu’ils auront tiré au hasard parmi ceux que nous avons préalablement choisis.

Ce que nous vous demandons :

  1. Distribuer une feuille à chaque élève de manière aléatoire en les posant recto visible.

NB : Les consignes sont différentes parmi les 30 feuilles car nous souhaitons étudier les dessins correspondant à plusieurs métiers sélectionnés préalablement par nos soins.

  • Lire les consignes à voix haute à la classe. Pour ne pas biaiser l’étude ni orienter les élèves, nous vous remercions de vous en tenir strictement au libellé suivant :

« Je vous demande de réaliser un dessin représentant un métier. Lisez la consigne inscrite sur la feuille et respectez-la. Pour faire ce dessin, vous pouvez utiliser soit des feutres, soit des crayons de couleur. Vous avez 15 minutes. »

  • Une fois les dessins terminés, demander aux élèves de retourner la feuille et de répondre aux questions qui y sont imprimées, en 5 minutes.

NB : Aucune mention femme / homme ni fille/garçon sur le recto de la feuille à dessiner. Seulement visible une fois que l’élève retourne la feuille.

Les 8 consignes de dessin :

  • Dessine quelqu’un dont le métier est d’écrire des livres
  • Dessine quelqu’un dont le métier est de cultiver les champs
  • Dessine quelqu’un dont le métier est d’arrêter les cambrioleurs
  • Dessine quelqu’un dont le métier est d’éteindre les incendies
  • Dessine quelqu’un dont le métier est d’enseigner aux enfants à l’école
  • Dessine quelqu’un dont le métier est de soigner les personnes malades
  • Dessine quelqu’un dont le métier est de soigner les animaux
  • Dessine quelqu’un dont le métier est de gouverner un pays

Pour permettre l’analyse de la question ouverte « Pourquoi as-tu fait ce choix ? » nous avons effectué des regroupements de réponses. Voilà les catégories que nous avons identifiées :

  • Correspond au genre du/de la dessinateur-trice « parce que je suis un garçon » et « parce que je suis une fille »
  • C’est la réalité du métier (ex : « Parce que la majorité des médecins sont des femmes » ; « Parce que c’est le président de la République. Et tous les présidents sont des hommes »)
  • C’est contraire à la réalité du métier (ex : « j’ai fait ce choix parce qu’il n’y a pas beaucoup infirmiers » ; « « J’ai fait ce choix parce qu’il y a trop d’hommes dans ce métier. »)
  • C’est ce que je sais dessiner
  • C’est ce à quoi j’ai pensé
  • C’est moi plus tard
  • Inspiré par quelqu’un qui est important pour elles/eux
  • Supériorité d’un genre par rapport à l’autre
  • Préférence d’un genre par rapport à l’autre
  • Evocation d’un univers masculin ou féminin (ex : « parce que c’est en rapport avec les livres. »)
  • Autre (principalement des phrases qui ne répondent pas à la question posée – 12% des dessins)
  • Pas de réponse (8% des dessins)

Phase 2 : un atelier d’approfondissement d’1 heure avec 4 enfants de CE2-CM2, par visioconférence.

Commentaires

Leroy
Bravo pour cette étude !!! Je vais la partager un maximum pour y.elle puisse avoir la visibilité qu’elle mérite.
Jean-Loup
Etude très intéressante. Garçon j’aurais pour tous les sujets dessiné un homme. Dessiner m’est déjà difficile alors dessiner un femme me semble impossible. Pourquoi? Existe t il une étude équivalente avec des personnes trentenaires et soixantenaires ?
becker
Très poétique ce thème de dessine moi un métier! beau travail !
Richard
Lecture enrichissante. C'est surprenant de noter qu'il y a déjà un comportement militant à leur âge. Une volonté d'agir pour faire changer les choses. Certain.es s'inscrivent en redresseur. Ils ont déjà le sentiment que la représentation est biaisée ? Je fais suivre à ma fille qui espère bien être professeure des écoles l'année prochaine ;-)
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